Thursday, December 20, 2012
massage tantrique tantra
La méthode tantrique, c’est quoi ?
Il est alors temps de lever les confusions : la méthode tantrique, ça consiste en quoi ? Michel : « Il s’agit d’apprendre à entrer dans l’érotisme avec la seule énergie du corps, sans passer par des projections mentales. Sans se faire un film qui transforme l’autre en objet de sa jouissance. Pourquoi chercher des images extérieures fictives alors que l’on est face à un partenaire réel ? » Carmen : « C’est l’expérience de l’unité, avec soi et avec l’autre. Il faut faire remonter l’énergie génitale dans tout le corps, afin que l’orgasme nous irradie complètement et ne reste pas bloqué au niveau du bassin. Pour réaliser cette alchimie entre le bas et le haut, il faut ouvrir chacun de nos chakras, ces centres d’énergie situés entre le périnée et la fontanelle. »
Soit, mais comment fait-on ? Exercice : on remet la musique, une sorte de rythme qui va crescendo, débarrassé de toute mélodie. Jambes écartées et légèrement fléchies, on ondule du bassin d’avant en arrière. « Il faut sentir l’énergie dans les couilles ! » clame Carmen. On ondule, on ondule. On respire très fort. « Et maintenant, on fait remonter l’énergie ! Dans le ventre ! » Et puis plus haut, dans la poitrine, dans la gorge, dans la tête, plus vite… C’est dur, les muscles tirent. Un vrai cours de gym.
Les filles choisissent un partenaire. Onduler à deux, c’est mieux. Mais si les gestes, les respirations et les râles de l’assemblée ressemblent à ceux d’animaux en rut, je ne sens pas encore monter en moi cette fameuse énergie. On répète l’exercice, allongés cette fois. Mêmes mouvements du bassin, un peu moins fatigants, un peu plus sensuels. Mêmes exhortations de Carmen : « Le scrotum ! On n’oublie pas le scrotum ! » Je termine lessivé et je me jure de ne jamais plus oublier mon p… de scrotum.
Echange d’énergies
L’exercice suivant est plus soft. Cette fois, il s’agit de communiquer son énergie à sa partenaire. En position du lotus, face à face, paumes contre paumes, bercés par le refrain hypnotique d’un mantra soufi. « Ne vous lâchez pas des yeux et ouvrez votre cœur, demande Michel. Mais ne cherchez pas à séduire. » Message reçu ? Au terme de l’exercice – quinze minutes de regards intenses –, ma partenaire me dira qu’elle a senti en moi une forte énergie enfermée dans une carapace en acier. Pour l’énergie, je ne sais pas, mais pour la carapace, well, elle n’a pas tort. La séquence suivante doit justement m’aider à desserrer quelques boulons. Car, maintenant, on entre dans le vif du sujet : massage tantrique pour tous.
Je te masse, tu me masses
Tout le monde se déshabille, les deux plus pudiques – dont je suis – ne gardent qu’un paréo. Même Jane, qui avait cru venir à une simple conférence sur le tantrisme, se retrouve en string. Quatrième surprise : je découvre que – pour peu qu’on lui parle gentiment –, n’importe qui peut se mettre à poil et se laisser malaxer par des mains inconnues. Deux participants s’occupent d’un troisième. J’ai droit au savoir-faire de Carmen et d’une jeune prof de yoga. Carmen explique qu’il faut considérer toutes les parties du corps avec la même neutralité. « Caresser un orteil ou un pénis, c’est pareil, si on n’y met pas de fantasme. » Même le scrotum ? « Tout le corps est sacré, il doit être traité avec respect. » OK. Allons-y.
Allongé, les yeux clos, dans une béatitude pleine de soupirs, chacun se laisse aller comme un bébé au plaisir d’être touché par quatre mains, sans tabou. Et si une érection s’annonce ? « Pas de problème, dit Carmen, c’est la nature. » Michel nous rappelle quand même de nous concentrer sur les sensations et de chasser les projections. Il n’y aura pas d’érection. Et, curieusement, pas de frustration non plus. On voudrait juste que ça ne s’arrête pas. Entièrement détendu, je comprends enfin à quelles sensations cette expérience me renvoie.
A celles que nous avons tous connues un après-midi d’été quand, pour échapper à la chaleur, on s’allonge mollement, nu, dans l’ombre d’une chambre. On peut bander, certes, mais sans chercher à précipiter l’action. A la crispation d’une brève pulsion génitale, on préfère, un peu feignant, se laisser envahir par un doux relâchement de tout le corps. A deux, ces siestes amoureuses peuvent durer des heures. Et ce sont les meilleures. Je sors de la séance avec deux certitudes : la voie tantrique peut nous permettre à tout moment de recréer cet éden estival du corps et de l’esprit, et l’éjaculation peut attendre. Elle peut même ne plus être un but. Trente ans de convictions priapiques viennent de s’effondrer, et je n’ai même pas mal.
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